Il n’est pas surprenant que dans un pays où les femmes et les personnes issues de minorités ethniques ont été pendant si longtemps sous-représentées dans le champ politique, on fasse aujourd’hui si grand cas du fait que, pour la toute première fois, aucun des quatre postes les plus importants du gouvernement ne soit occupé par des hommes blancs.
Que l’on veuille célébrer cette évolution est parfaitement légitime. Mais ne nous leurrons pas. Sur un autre plan, tout aussi important, la politique anglaise, en matière de diversité, est en train de régresser plutôt que de progresser.
Le genre et l’origine ethnique comptent, c’est évident. Mais la classe sociale aussi. Et, en l’occurrence, le nouveau gouvernement et la Chambre des communes ne sont absolument pas représentatifs du pays qu’ils ont la charge d’administrer.
Prenons les trois conservateurs célébrés comme des exemples en matière de diversité : James Cleverly, le ministre des affaires étrangères, Suella Braverman, la ministre de l’intérieur, et Kwasi Kwarteng, le ministre des finances. Tous sont issus d’écoles privées – le dernier d’Eton, dont les frais de scolarité s’élèvent à plus de 50 000 € par élève et par an et sur les bancs duquel sont également passés les distingués prédécesseurs de Liz Truss, David Cameron et Boris Johnson.
Et ils ne sont pas les seuls. Plus des deux tiers du nouveau cabinet Truss ont reçu une éducation privée, ce qui n’est pas même le cas de 10 % de la population du Royaume-Uni. La moitié des députés conservateurs est d’ailleurs concernée.
Dynamique plus large
Ce qui est intéressant, c’est que Truss elle-même, comme les autres femmes qui ont réussi à devenir première ministre – Margaret Thatcher et Theresa May –, est issue de l’enseignement public, même si, comme elles, elle a ensuite étudié à l’université d’élite d’Oxford. Or, elle a porté un coup terrible à la diversité socio-économique en nommant un cabinet qui, non seulement compte plus de membres issus d’un enseignement privé que ceux de Cameron et Johnson, mais même deux fois plus que ceux qui composaient le cabinet de Theresa May.
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